AccueilDéfaillancesGrosBill, dépôt de bilan et plan de cession 

GrosBill, dépôt de bilan et plan de cession 

4 min de lecture

Le pionnier de la vente de matériel informatique, est passé par un redressement judiciaire fin 2018 qui se termine par une reprise partielle et la fermeture de 2 magasins sur 3.
Le secteur hyper concurrentiel ainsi que de mauvais choix stratégiques ont amené GrosBill à passer, en 20 ans, du statut de premier de cordée innovant à celui d’entreprise au bord du gouffre.

1998 : 5 entrepreneurs mettent leur passion pour l’informatique au service de tous et fondent GrosBill

A l’origine, en 1998, 5 passionnés d’informatique et de jeux de rôle, dont l’un serait surnommé Gros Bill, ouvrent leur premier magasin à Paris.

Toujours à l’affût des dernières sorties de matériel et prêts à faire les meilleurs assemblages, ils transmettent leur passion à la clientèle et la sauce prend.

Leur créneau ?

Vendre des produits high-tech à des prix compétitifs.

Ils ont conscience de l’importance du e-commerce et gèrent leur site en parallèle. Il est possible de commander en ligne et de récupérer ses produits en magasin. Le conseil et l’expertise sont mis en avant.

Les technophiles et les geeks de tout poil se ruent sur leurs offres.

Dès 2002, ils ouvrent un deuxième magasin, à Thiais. Leur chiffre d’affaires et le volume de leurs ventes les amènent très vite dans le peloton de tête des vendeurs informatiques.

Or la lune de miel ne dure qu’un temps.

Le marché devient de plus en plus concurrentiel, notamment face à des enseignes telles que Cdiscount ou Amazon. Des différences fiscales entre GrosBill et certains de ses concurrents affaiblissent la compétitivité de l’enseigne parisienne.

Après avoir envisagé d’entrer en bourse pour gagner des liquidités et développer ses activités grâce à l’import, GrosBill préfère s’adosser à Auchan et lui revend les deux tiers de son capital.

2005, rachat de Grosbill par Auchan, qui a les yeux plus gros que le ventre

Auchan rachète GrosBill en 2005 pour concurrencer Casino, propriétaire de Cdiscount.

Le distributeur ne saisit ni l’esprit ni l’essence du métier de GrosBill.

Plutôt que de rester sur la stratégie expertise et qualité, Auchan mise sur l’augmentation des points de vente et du volume. Il ouvre des magasins GrosBill les uns après les autres, jusqu’à 9 en deux ans.

Certaines ouvertures se passent mal, notamment à Marseille et à Toulouse, mais l’enseigne continue de créer de nouveaux points de vente. Le chiffre d’affaires ne suit pas l’augmentation du nombre de magasins.

Pour les deux boutiques d’origine, un temps avait été nécessaire afin de mettre en place une relation de confiance avec la clientèle, mais avec des ouvertures aussi rapides, la mayonnaise ne monte pas.

Auchan ayant fixé un plan quinquennal, il continue coûte que coûte malgré des résultats décevants, plutôt que de se concentrer sur les points de vente existants.

C’est en 2015, face au mur, qu’Auchan finit par céder GrosBill à Mutares, un groupe allemand ayant déjà repris Pixmania.

Auchan semble comprendre trop tard que GrosBill est une entreprise axée spécialistes passionnés et technophiles.

Elle doit être composée de vendeurs longuement formés à leurs produits pour toucher une clientèle en demande de conseils techniques.

Mutares opère ensuite sur GrosBill comme il l’avait fait sur Pixmania, il la vide de ses liquidités et de ses stocks.

Le changement d’orientation donné à GrosBill, en cherchant à le positionner sur des prix toujours plus bas, ne lui réussit pas.

En concurrence avec des enseignes de type Amazon qui disposent d’une puissance incomparable d’anéantissement de la concurrence sur le terrain des prix, GrosBill ne fait pas le poids.

2017 ; l’un des fondateurs reprend la main sur son entreprise et lui redonne son esprit

En 2017, Luc Boccon-Gibod, l’un des 5 fondateurs de GrosBill fait une offre de rachat, afin de la sauver du déclin, à Mutares qui l’accepte.

Il demande un plan de sauvegarde et ferme tous les magasins ouverts dans la précipitation.

Sur 9 points de vente, seuls 3 dont les 2 historiques sont maintenus. Les ingrédients du succès initial sont repris :

  • pouvoir commander en ligne puis récupérer ses produits en magasin ;
  • bénéficier d’un SAV sérieux en boutique ;
  • profiter de conseils experts.

Bien que Mutares ait fait chuter le chiffre d’affaires de 100 à 80 millions d’euros et que les dettes soient passées de 7 à 9 millions, Luc Boccon-Gibod redonne donc à son entreprise les bases qui avaient fait son succès afin de reconquérir les geeks et les technophiles en quête de produits hauts de gamme.

A l’instar de Darty avec son contrat de confiance, Luc Boccon-Gibod redonne également à sa marque une image de compétence technique et de qualité de service :

  • mises à jour des ordinateurs ;
  • ateliers de montage ;
  • recyclage des composants informatiques, etc.

S’il n’a pas suffisamment redressé la barre entre 2017 et 2018, il a cependant réduit les pertes.

En effet, le résultat d’exploitation était de -11,3 M€ en 2015 et il est passé à – 8,3M€ en 2017.

2017-2018, GrosBill évite la liquidation judiciaire de justesse

La direction essaie de protéger l’entreprise des ses créanciers en lançant une procédure de sauvegarde

Le 19 juillet 2017, à la demande de Luc Boccon-Gibod, Grosbill est placé en procédure de sauvegarde afin de suspendre le paiement des dettes. Malgré tous les efforts du dirigeant, il n’arrive pas suffisamment à remonter la barre.

Grosbill en redressement judiciaire

Le 17 octobre 2018, le Tribunal de Commerce de Paris ordonne un jugement de conversion en redressement judiciaire de la procédure de sauvegarde.

Faute de plan de redressement, si l’entreprise ne trouve pas de nouvel acquéreur, elle sera placée en liquidation judiciaire.

À la suite de la mise en place du redressement judiciaire, plusieurs repreneurs se sont proposés dans le cadre d’un plan de cession, dont une offre du groupe LDLC, lui aussi spécialisé dans le e-commerce de produits high-tech.

L’offre de reprise de Cybertek a été acceptée

En décembre 2018, une offre de reprise a été acceptée.

En effet, l’entreprise bordelaise Cybertek reprend les commandes le 28 décembre. Le repreneur est spécialisé dans la vente et la réparation de matériel informatique. Son activité est principalement centrée sur le marché physique avec une vingtaine de magasins, alors que GrosBill réalise l’essentiel de son activité en ligne.

Xavier Sourroubille et Laurent Chancholle, les co-gérants de Cybertek, ont décidé de fermer deux des trois magasins GrosBill pour garder celui de Paris 13. Ce site verra sa surface de vente réduite, le reste étant utilisé comme stock pour la vente en ligne.
Les effectifs sont diminués, 11 postes sur 35 sont conservés.
Les co-gérants n’excluent pas néanmoins d’ouvrir d’autres magasins dans le futur.

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